Bande dessinée - Lolita Séchan : le Vietnam, destination thérapeutique

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Bande dessinée - Lolita Séchan : le Vietnam, destination thérapeutique

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Lolita Séchan aura mis cinq ans pour écrire son ouvrage, Les Brumes de Sapa. Un roman graphique très personnel où la fille de Renaud raconte sa rencontre avec une jeune Hmong de 12 ans qui a bouleversé sa vie.

"Les Brumes de Sapa" racontent dix ans de votre vie, entre 2002 et 2012. Pourquoi un projet sur cette période précisément ?

« C’est l’histoire d’une rencontre. Et c’était devenu une obsession. Je voulais raconter l’histoire de Lo Thi Gom, cette petite fille Hmong, qui avait 12 ans lors de notre première rencontre. J’ai été marquée par la brisure entre le monde innocent de la culture traditionnelle et la brutalité du monde moderne, mais surtout par la lucidité de cette jeune fille ! C’est cette brisure qui m’a motivée pour ce projet. »

Pourquoi ce départ à 22 ans ?

« J’étais en post-adolescence : je faisais des études, mais je me cherchais. Je suis très lente ! Le besoin d’introspection se faisait sentir, besoin de quitter ma famille. Et je suis partie pour le Vietnam. Mais le trait est volontairement grossi : je n’étais pas si paumée que ça ! »

Comment expliquez-vous la force de ce lien malgré les différences ?

« La rencontre s’est passée exactement comme dans le livre. J’ai vraiment voulu que ce lien existe. Et lors de la deuxième visite, j’ai pris un râteau. Aujourd’hui, on s’appelle deux fois par an et ça fait quatorze ans que j’y vais, c’est devenu précieux pour moi. La question, c’est à quel point ça l’est pour elle ? Je pense que ça l’est : elle ne m’a jamais demandé d’argent et m’a protégée des pièges vietnamiens. Mais les non-dits culturels posent de telles barrières. »

C’est également la découverte d’un endroit exceptionnel, Sapa.

« Le lieu me manque autant que la personne de Lo Thi Gom : le train, les rizières à perte de vue : la liberté absolue. Il ne s’y passe rien, mais l’endroit bascule progressivement du traditionnel au très touristique, et pour moi qui suis lente, c’est fascinant. »

Pourquoi avoir fait le choix, compliqué, du roman graphique ?

« J’ai passé toutes ces années à me chercher : le roman graphique, qui laisse la place à l’écrit et aux images, s’est imposé. L’humour dans le dessin peut côtoyer le côté dramatique du texte. En revanche, je suis autodidacte, j’ai dû apprendre à dessiner et on peut vraiment parler de cinq années de torture ! Avec du recul, je trouve une forme de cohérence bancale à mon ouvrage. Et ça, ça me va. »

Depuis sa sortie, quel sentiment éprouvez-vous ?

« De la fierté, d’autant que les lecteurs sont touchés. Il faut que j’en profite, car l’apaisement est très court : l’anxiété de la création revient vite. »

Vous êtes la fille de Renaud. Comment arrive-t-on à s’émanciper d’une telle relation ?

« C’est un homme merveilleux. Mais vous savez, j’ai été élevé par deux personnes, et aujourd’hui je suis très équilibrée. Quant à l’émancipation, pour moi, elle est passée par un départ pour l’autre bout du monde. »

Avec du recul, peut-on dire que "Les Brumes de Sapa" ont joué un rôle thérapeutique pour vous ?

« C’est évident. Je vais vers des sujets qui parlent des autres, mais que je dois digérer. Par cet objet artistique, j’avais besoin de laisser une trace sur ces années passées. La digestion thérapeutique m’est indispensable pour avancer. J’utiliserai la même démarche pour mon prochain livre : une rencontre. Reste à décider la forme : elle dépendra de ce que je vis, et du sujet. »

Propos recueillis par David Tapissier

(Source info: www.bienpublic.com)

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