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Au bon souvenir de «Saigon» - Acclamée à Avignon, la pièce de Caroline Guiela Nguyen, interprétée par des Vietnamiens et des Français

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Au bon souvenir de «Saigon» - Acclamée à Avignon, la pièce de Caroline Guiela Nguyen, interprétée par des Vietnamiens et des Français

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Acclamée à Avignon, la pièce de Caroline Guiela Nguyen, interprétée par des Vietnamiens et des Français, se balade dans l’espace-temps, analysant de façon poignante les répercussions et les non-dits de la colonisation française au Vietnam. Saigon ? C’est le nom d’un restaurant vietnamien du XIe arrondissement de Paris, et c’est celui d’une métropole débaptisée - Hô Chi Minh-Ville - que tout le monde s’obstine encore à appeler ainsi. Sa simple évocation charrie un moite imaginaire de guerre, en partie colonisé par la pop culture américaine, dont le remâchage des combats des années 70 est venu partiellement recouvrir celui de la colonisation et de la débandade française de 1956. Et c’est à ce brûlant refoulé, dont les conséquences sinuent encore dans le cours des existences qu’il a violemment déviées, que Caroline Guiela Nguyen s’est attaquée dans un ample mélo du même nom, accueilli, à sa troisième représentation comme à sa première, par une standing ovation au Festival d’Avignon. Elle-même fille d’une immigrée vietnamienne, Guiela Nguyen a composé une pièce que l’on pourrait qualifier de deuxième génération, à savoir qu’elle n’est pas tant réquisitoire politique contre la colonisation (quoique l’on parvienne aisément aux mêmes conclusions) qu’examen des non-dits et mythes induits par l’exode et l’exil, avec lesquels les descendants se voient obligés de se débrouiller. La distance, qu’elle soit historique ou géographique, attise les mensonges : c’est l’une des vérités les plus puissamment énoncées de cette création-fleuve, parfois démonstrative, le plus souvent poignante, qui se déroule en français et en vietnamien sur plus de trois heures et demie, incarnée par une troupe d’acteurs et de non-professionnels vietnamiens et français. Glissements vers 1956 Le rideau s’ouvre sur une scène immense, étirée comme un plan de cinémascope, occupée côté jardin par une cuisine ouverte où s’activent deux femmes, et côté cour par une petite scène de karaoké avec clavier, micro et rideau de loupiotes roses. Des tables de métal, un mur vert d’eau, un frigo rempli de bières et un petit chat en métal posé sur le bar complètent le tableau : nous sommes dans le restaurant parisien de Marie-Antoinette (la vibrionnante Anh Tran Nghia), qui a émigré à Paris en 1956. En fond sonore, une balade lancinante, et la voix off de Lam (Thi Thanh Thu Tô) qui pose le contexte : nous sommes en 1996, Bill Clinton a sonné la fin de l’embargo sur le Vietnam, lequel autorise désormais le retour des Viet-kieus (Vietnamiens d’outre-mer) au pays ; se pose alors aux émigrés qui ont coutume de se retrouver au restaurant la question du retour. De ces premiers instants s’exhale une langueur cinématographique - on pense fugacement au Three Times de Hou Hsiao-hsien - qui sera à divers moments prise en charge par de magnifiques passages au karaoké, pour des chants en vietnamien et en français venant interrompre ou augmenter l’action (Aline de Christophe, Je vivrai pour deux de Sylvie Vartan). Le décor ne changera pour ainsi dire pas - il sera simplement recomposé - mais l’espace-temps si, qui nous balade entre ce resto et celui que tenait déjà Marie-Antoinette à Saigon, en 1956, où déboulent hommes en sueur et femmes en robe longue, et où l’on crie, pleure et multiplie les malaises. Si l’installation de l’intrigue a quelque chose d’un peu contraint, le premier de ces nombreux glissements vers 1956, opéré par le surgissement sur scène de figures d’antan, dégoupille le pouvoir d’évocation de la pièce. Les doubles rajeunis des personnages existent plus immédiatement que leurs versions contemporaines, forcées de garder leur part de mystère, et leur apportent une épaisseur tragique, construite par couches successives, qui donne à l’ensemble une densité romanesque. Il y a donc Marie-Antoinette, déjà en cuisine, dont le fils a été réquisitionné en 1939 par la France pour aider à l’effort de guerre. Il y a aussi Hao (Hoàng Son Lê), insouciant jeune homme qui chante pour les Français et dont cette «traîtrise» provoque le départ et le désespoir de la fiancée, Mai. Et il y a Linh (la déchirante Phu Hau Nguyen), qui s’apprête à partir pour la France avec un appelé dont elle est tombée amoureuse, et qui, à chaque minute plus bouleversante, s’inquiète d’abandonner les siens : «J’ai peur d’oublier le visage de ma mère quand elle me donne le linge à étendre.» Chacun croisera sur sa route différentes incarnations de la France - une grande bourgeoise s’affolant des horreurs qu’elle a jusqu’alors choisi d’ignorer (Caroline Arrouas, impériale), un soldat profitant de son prestige de colon pour se réinventer totalement (Dan Artus, désarmant), une jeune fille pétrie de bonne conscience qui peu à peu devient aveugle (l’impeccable Adeline Guillot). Travail minutieux Ils communiquent parfois à tâtons, par bribes, ou grâce à une traductrice improvisée, le minutieux travail sur la langue déployée au long d’une pièce écrite au plateau, avec les comédiens, permettant d’éviter la réduction des personnages à des archétypes (sauf, peut-être, le fils franco-vietnamien de Linh, cantonné de fait en 1996 où il évolue dans un état d’hébétude interloquée un peu répétitif). Cet exercice atteint un sommet lors du voyage du vieux Hao (le très émouvant Hiep Tran Nghia) qui ne comprend plus la langue parlée par les jeunes Vietnamiens, et qui jamais ne pourra réparer les erreurs du passé. Si la pièce parlera à tous, c’est d’abord qu’elle sonde avec finesse un pan de l’histoire nationale. 1996, rappelle Saigon en passant, c’est aussi l’expulsion des sans-papiers africains de l’église Saint-Ambroise à Paris et le césar du meilleur film à la Haine : on met au défi le spectateur français de ne pas immédiatement songer qu’ici et là on a foutu un bordel monstre, qu’on est partis comme des voleurs, et qu’on n’en n’a pas fini avec les conséquences. Mais si Saigon tend à l’universel, c’est d’abord et avant tout car les mythologies familiales, faites de grandiloquence, de culpabilités à expier et de silence, on en est tous victimes et dépositaires. Elisabeth Franck-Dumas Saigon de Caroline Guiela Nguyen Avec Caroline Arrouas, Dan Artus, Adeline Guillot, Thi Truc Ly Huynh, Thi Thanh Thu Tô, Anh Tran Nghia, Phu Hau Nguyen. En tournée à partir de novembre. http://next.liberation.fr/theatre/2017/07/11/au-bon-souvenir-de-saigon_1...

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