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Entretien avec Amandine Dabat : HAM NGHI – Empereur en exil, artiste à Alger

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Amandine Dabat: Enseignante-chercheuse EHESS. En 2015, elle a obtenu son Doctorat en Histoire de l’art à l’Université Paris-Sorbonne IV. Sa thèse, intitulée «Ham Nghi (1871-1944). Empereur en exil, artiste à Alger», a reçu la Mention très honorable et les félicitations du jury. Cela marque un repère important sur ses années de recherche sur Ham Nghi – son ancêtre de 5 générations précédentes, pour enfin «dessiner un portrait de Hàm Nghi le plus juste possible, à partir de preuves avérées, issues de ses archives personnelles». Ce portrait répondra à nos interrogations, sur Ham Nghi – roi d’Annam qui n’a pas pu faire autrement dans les turbulences historiques, jusqu’à Ham Nghi qui a choisi lui-même un autre parcours durant le reste de sa vie en exil à Alger. Un entretien plein de surprises, et aussi, un entretien nécessaire pour éclaircir ce que l’Histoire doit rendre à Ham Nghi. Cet entretien est réalisé à l’occasion de la conférence du même nom, présentée par Amandine Dabat, qui aura lieu à 15h le 7 avril au siège de l’UGVF. NTH : Bonjour Amandine Dabat, Tout d’abord, je vous remercie d’avoir accepté cette interview à l’occasion de votre conférence du 7 avril prochain au siège de l’UGVF – où sera présent un public intergénérationnel de la communauté vietnamienne en France. Amandine Dabat : Bonjour. Je vous remercie pour votre invitation. Je suis très heureuse de venir présenter les résultats de ma thèse de doctorat à la communauté vietnamienne en France. NTH : Etant membre d’une grande famille noble de la dynastie Nguyen, vous êtes une descendante d’un roi patriotique de l’histoire vietnamienne. Le roi Ham Nghi et ses trois enfants (les princesses Như Mai, Như Lý et le prince Minh Đức) ont toujours conservé la tradition vietnamienne dans leur vie : mode vestimentaire, habitudes quotidiennes, … Est-ce que ces traditions sont encore présentes dans votre famille actuelle ou influencent-t-elles plus ou moins votre vie personnelle ? Amandine Dabat : Je vous remercie pour votre première question, qui est très intéressante, car vous présentez l’image de l’empereur Hàm Nghi telle qu’elle vous a été transmise par la mémoire nationale vietnamienne. Le Vietnam, en l’absence d’éléments précis concernant son empereur, a construit une image d’épinal à son sujet. J’ai découvert le regard que le Vietnam portait sur son empereur durant ma thèse, en discutant avec des Vietnamiens, mais aussi en lisant les livres d’histoire, les romans qui avaient été écrit à son sujet. La notion d’empereur patriote est une image qui a été construite d’abord par son régent, Tôn Thất Thuyết, à partir de 1885, au début de la résistance vietnamienne contre la colonisation française. Mais tout d’abord, je voudrais rappeler que Hàm Nghi n’était pas destiné à régner. Contrairement à Dục Đức, Kiến Phúc et Đồng Khánh, il n’avait pas été adopté par Tự Đức, il n’était pas un prince héritier. Les régents ont choisi de le mettre sur le trône car il était plus jeune que son frère, le futur Đồng Khánh. Ainsi, les régents espéraient conserver le pouvoir entre leurs mains. En 1885, Tôn Thất Thuyết a décidé de lancer le mouvement Cần Vương en emmenant le roi dans les montagnes. Au moment de sa capture, il est évident que Hàm Nghi avait conscience de son rôle d’empereur et du symbole qu’il représentait. Cependant, l’exil a été un choc immense. En deux mois, le jeune empereur de 17 ans, qui vivait dans les montagnes depuis l’âge de 14 ans, s’est retrouvé dans un pays inconnu dont il ignorait la langue et les coutumes, et séparé brutalement de ses proches. Durant les premiers mois de l’exil, les rapports médicaux indiquent que Hàm Nghi est sujet à une profonde dépression. Certes, il était un empereur, mais il était aussi un jeune homme, et les différents événements qui se sont succédés durant son adolescence ont dû l’éprouver émotionnellement et psychiquement. L’expression « roi patriote » ne correspond qu’à la partie de sa vie au Vietnam. À partir de son exil, Hàm Nghi a construit une autre vie. Il ne s’est plus défini comme empereur, mais comme artiste. Il refusait d’être appelé Hàm Nghi, ou même « prince », au début de son exil. Dans une de ses lettres, en 1893, il écrit à un ami « qu’est-ce que cela peut vous faire, que je sois un prince ou autre chose, ce n’est pas cela qui doit faire l’amitié ». Hàm Nghi souhaitait être aimé, accueilli, pour ce qu’il était en tant qu’homme, pas pour l’image qui était projetée sur lui. J’ai commencé par ce long préambule pour vous dire que le fait que Hàm Nghi et ses enfants auraient conservé la tradition vietnamienne dans leurs vies est une légende. Hàm Nghi n’a jamais appris le vietnamien à ses enfants. Il aurait souhaité le leur apprendre, mais son épouse, une Française, s’y est opposée. (…) NTH : Pour réaliser votre thèse sur le roi Ham Nghi, quelles connaissances et compétences (linguistiques, artistiques, …) avez-vous acquise ? Et quelles ont été les principales difficultés dans une telle recherche ? Amandine Dabat : Pour réaliser ma thèse sur Hàm Nghi, j’ai suivi d’abord un cursus en histoire de l’art à l’université Paris-Sorbonne, puis un cursus en langue et histoire vietnamienne, à l’INALCO, puis à l’université Paris-Diderot. J’ai d’abord classé et inventorié les archives personnelles de Hàm Nghi, principalement sa correspondance, 2500 lettres et brouillons de lettres, que j’ai retrouvés dans un grenier. Ma famille ignorait qu’elle avait conservé ces documents. Ma thèse de doctorat est un travail scientifique, que j’ai réalisé en comparant les archives personnelles, de Hàm Nghi, avec les archives coloniales, administratives, publiques. Je n’ai eu aucune difficulté majeure. Mais comme toute thèse de doctorat, ce travail a été long et fastidieux, tout en étant passionnant ! . NTH : Le roi Ham Nghi n’a pas montré ses opinions politiques durant le reste de sa vie à Alger. Au lieu de cela, il a peint. Comme la plupart des artistes, l’art est de moyen de communication. D’après-vous, quels sont les principaux messages qu’il a souhaité partager et transmettre dans ses peintures et sculptures ? Comment a-t-il pu exprimer les pensées et les émotions d’un roi patriotique en exil et d’un vietnamien traditionnel condamné à vivre loin de son pays natal ? Amandine Dabat : L’œuvre de Hàm Nghi n’est pas engagée politiquement. Dans ses lettres à ses amis, il explique qu’il souhaite retranscrire sur sa toile la beauté de la nature. Hàm Nghi n’a mis aucun message politique dans son œuvre, qui est universelle dans le sens où elle n’est pas connotée ethniquement, ni géographiquement. Ses peintures de paysages peuvent représenter des paysages français, algériens ou vietnamien, aucun élément culturel ne permet de les situer dans l’espace. Hàm Nghi s’est beaucoup intéressé aux théories artistiques françaises. Il s’est approprié différents styles : impressionnisme, pointillisme, nabi. Je crois qu’il est vain de tenter d’interpréter son œuvre en fonction de son passé. Hàm Nghi a peint toute sa vie. Il avait seulement 18 ans lorsqu’il a été exilé en Algérie. Il a été très rapidement intégré dans la société française d’Alger. Après 15 ans d’exil, il a épousé une Française. Dans son mode de vie, Hàm Nghi vivait comme un Français en Algérie. Je crois qu’il a profondément aimé son pays natal, mais il a compris que la France ne l’autoriserait jamais à y retourner. Son rôle politique lui étant confisqué, il a alors choisi de se consacrer à l’art, en tant qu’artiste. L’œuvre de Hàm Nghi nous permet de le découvrir en tant qu’homme. C’est sa sensibilité que l’on perçoit à travers ses tableaux. Durant son exil, il ne considérait pas comme un roi patriotique en exil, ni comme un vietnamien traditionnel, mais comme un artiste, un peintre et un sculpteur. Hàm Nghi n’a jamais cessé d’aimer le Vietnam et d’y être attaché, mais le Vietnam appartenait au passé. La vie qu’il a construite durant son exil était celle d’un artiste. NTH : Ham Nghi a été un élève du célèbre sculpteur Auguste Rodin. D’un point de vue artistique, comment avez-vous interprété ses sculptures (thèmes, matières, structures…) ? Amandine Dabat : Hàm Nghi a rencontré Auguste Rodin en 1899. Son œuvre a été très influencée par le maître. Je vous renvoie à ma thèse de doctorat, qui sera publiée prochainement, en français, puis que je ferai traduire en vietnamien. (…) NTH : A votre avis, que l’Histoire lui doit ? Quelles informations historiques doivent être corrigées pour lui rendre le vrai portrait avec ses caractères, son âme, ses talents ? Amandine Dabat : J’ai essayé, durant ma thèse de doctorat, de dessiner un portrait de Hàm Nghi le plus juste possible, à partir de preuves avérées, issues de ses archives personnelles. Je comprends que les Vietnamiens le considèrent comme un empereur patriote. Mais ce qualificatif, créé par l’Histoire, n’est observable dans les faits que pendant la résistance vietnamienne contre les Français. À partir de 1889, et de l’exil de Hàm Nghi, l’ancien empereur a abandonné toute velléité politique. À partir de son exil, Hàm Nghi, destitué, qui n’avait pas choisi d’être empereur, a choisi de devenir un artiste. L’image de l’empereur patriote resté anti-Français toute sa vie est fausse : Hàm Nghi exilé a vécu comme un Français, parmi les Français. Mais, en étant formé par les Français aux Beaux-Arts avant la création de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine, il est devenu le premier artiste vietnamien connu. Je vous invite donc à oublier l’image inventée d’un empereur resté toute sa vie anti-française, et à découvrir la sensibilité et la créativité du premier artiste vietnamien connu. NTH : Dans l’avenir, que désirez-vous le plus pour votre recherche et pour les tableaux de Ham Nghi ? Y a-t-il encore quelques problématiques historiques dans votre thèse qui auraient besoin d’approfondissement ? Amandine Dabat : Tout d’abord, ma thèse de doctorat va être publiée prochainement, ce qui va permettre au public français et vietnamien de découvrir l’œuvre de Hàm Nghi. Dans un avenir qui se situe à moyen terme, je souhaiterai monter une exposition des œuvres de Hàm Nghi. https://toasang-ugvf.org/2018/04/02/entretien-avec-amandine-dabat-ham-ng...

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