Culture: la musique vietnamienne veut s'ouvrir

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Culture: la musique vietnamienne veut s'ouvrir et dépasser en France le cercle de la communauté, estimée à 350.000 personnes

La chanteuse Huong Thanh, qui mêle jazz et tân nhac, un style en vogue à l'époque coloniale; Nguyen Lê et Ngô Hông Quang qui fusionnent jazz-rock et traditionnel; le collectif Viet Vo Da House qui y appose son électro: la musique vietnamienne s'éveille et s'émancipe.

"Sài Gon - Saïgon" (Buda Records): le titre du nouveau disque de Huong Than, écrit en vietnamien et en français sur la pochette, symbolise ce désir d'ouvrir pour ces musiques vietnamiennes qui n'ont que peu dépassé en France les cercles d'une communauté pourtant importante, estimée à environ 350.000 personnes.

Après plusieurs décennies consacrées à raviver les chants traditionnels de son pays, sur des arrangements novateurs et contemporains, Huong Than se penche cette fois sur le tân nhac, un genre musical né à la fin des années 1930 dans l'ex-Indochine, l'équivalent là-bas de notre chanson populaire.

"Le tan nhac est né lorsque les Français ont apporté la musique européenne, et ses gammes", explique la chanteuse de 57 ans, qui rêvait depuis longtemps d'interpréter ce répertoire ayant bercé son adolescence.

Franck Tortiller habille ces mélodies, parfois très proches des nôtres et étrangement faciles à fredonner comme celle de "Duang Len San Cuac", des sons chauds de son vibraphone.

Certaines de ses romances nostalgiques où il est essentiellement question d'amour, furent de véritables tubes à l'époque, comme "Lang Toi" ou Long Me", qui sont sur le disque. 

Le tân nhac ("nouvelle musique"), que l'on appelle aussi nhac vang, "musique dorée", serait-il à l'Indochine ce que fut la bossa nova ("nouvelle vague") au Brésil?

"Cette musique est tellement simple, c'est léger", souligne Huong Than, qui sera avec Franck Tortiller et son quintette en concert mercredi 25/01/2017 à Paris (Studio de l'Ermitage).

"Mais la musique vietnamienne est très riche et ne s'arrête pas là", rappelle Huong Than, fille d'un comédien-chanteur réputé.   

- Super ouvert -

Nguyen Lê, Vietnamien d'origine né à Paris, qui s'est épanoui dans le monde du jazz-rock avant de s'intéresser à ses origines, en montre une autre facette dans son nouvel album, "Hà Nôi Duo" (ACT).

Sa guitare électrique se marie aux instruments traditionnels à cordes de Ngô Hông Quang, un musicien, comme lui, du nord du Vietnam. 

"En 2011, j'ai commencé à intensifier mon travail avec des musiciens du Vietnam", raconte-t-il. "J'ai commencé ainsi une collaboration avec un chanteur pop, Tung Duong".  

Pour Nguyen Lê, en concert le 6 mars au New Morning à Paris, Ngô Hông Quang est le symbole de cette nouvelle génération de musiciens vietnamiens. 

"Il a moins de quarante ans, a étudié au Conservatoire de Hanoï la musique de ses ancêtres, mais de la manière dont on l'enseigne maintenant au Vietnam, en passant par le solfège et l'apprentissage de l'harmonie occidentale", explique-t-il. 

"Ca donne le musicien traditionnel d'aujourd'hui, à la fois super traditionnel et super ouvert, capable de s'intégrer très facilement à un idiome occidental".

Nguyen Lê continue, avec cette nouvelle collaboration, son exploration de ces musiques autochtones, qu'il nourrit de nouvelles sonorités.

Des sonorités électroniques que n'hésite pas à utiliser Viet Vo Da House (VVDH), un collectif de musiciens français et vietnamiens basé à Saïgon. 

A travers sa lecture résolument contemporaine de la musique locale, VVDH veut toucher un public international.

"On est venus de Malaisie au début des années 1990 pour voir un peu ce qui s'y passait (au Vietnam)", déclare Christian Bouaziz (guitares, claviers). Ils y sont restés.

"Notre idée est de faire connaître le répertoire ethnique vietnamien et de le rendre audible à des Occidentaux pas forcément familiers avec ces sons", poursuit ce musicien.

VVDH, qui tire son nom du Viet Vo Dao, l'art martial vietnamien, suscite l'intérêt au-delà des frontières: le Congolais Ray Lema est ainsi l'un des invités de "Song SaiGon", son nouveau disque, avec Lê Cât Rong-Ly, "l'héritière de Trinh Con Son, le Dylan vietnamien", précise Christian Bouaziz.

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