Histoire des bateaux paniers

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Histoire des bateaux paniers

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Les populations du Vietnam naviguent depuis des temps immémoriaux à bord des bateaux paniers. Ceux-ci sont réalisés à l’aide de lattes de bambou.

Si le bateau panier circulaire, le ghe thùng chài, est le plus connu, il n'est pas le seul à utiliser le tressage de lamelles de bambou pour sa fabrication.
Diverses autres embarcations du Centre-Vietnam utilisent ce principe pour des coques pouvant parfois dépasser 120 tonneaux, et d'une flottabilité remarquable.

 

 Ghe Nang  Bateau panier
 

Le ghe thùng chài

Ghe Thung Chai

Le bateau panier le plus simple est le ghe thùng chài, embarcation circulaire d'un mètre, et quelquefois plus, très légère et d'une remarquable stabilité, qui se manœuvre par un mouvement tractif de pagaie.

Particulières au port de Tourane, elles ont rayonné un peu partout sur les côtes du Vietnam.

La forme circulaire est obtenue par un livet et de fines membrures de bambou liées intérieurement par des attaches au panier.
Le calfatage s'effectuait avec une décoction composée de résine pulvérisée, de chaux et de bouse de buffle, le tout enduit ensuite d'huile de bois pour vernir et protéger le calfatage.

Admirablement adapté pour rester toujours sur les lames, l'effet de travers n'existant pas, on le rencontrait, même par mer agitée et fortes houles, autour des barques de pêche, pour poser ou relever casiers, palangres ou filets maillants.

Ces mêmes embarcations, toutes rondes, en vannerie revêtue d'un enduit de bitume, existaient également en Mésopotamie, sur le Tigre, sous le nom de Kouffa (ou couffa). On les rencontre aussi dans l'Inde du sud avec les coracles des rivières Bhawani, Cauweri et autres cours d'eau.
Elle sont également très proches du curragh irlandais, fait d'une carcasse d'osier recouverte de peau.

 Bateau panier 

 

Ghe Nang

Les embarcations du Centre - Vietnam

Conception

Deux élément ont conditionné la conception des bateaux paniers : les dégâts occasionnés par les tarets dans ces mers chaudes, et la nature même des côtes du Vietnam.

 

Résistance aux tarets

Coque

Dans les pays baignés par les eaux chaudes, les dégâts occasionnés par les tarets peuvent être considérables et nécessitent un entretien constant des coques en bois, sous peine de voies d'eau et de déliaisons rapides entraînant la fin prématurée d'un navire.
Les bois étant toujours vulnérables, la difficulté a été contournée en employant pour la construction de la coque le "bois" le moins cher, le plus léger et le plus résistant aux tarets : le bambou.

 

Nature et configuration des côtes

Les côtes du Vietnam sont constituées d'estuaires bloqués par des barres, du sable, des madrépores et des fonds généralement durs sur lesquels tosser était dangereux. Sur ces fonds, le bateau travaille à l'échouage, d'où la nécessité d'avoir une coque flexible, supportant les chocs et pouvant s'asseoir largement, par déformation latérale, comme une balle de caoutchouc.

Etrave

La plupart des embarcations du Centre-Vietnam sont construites sur le modèle de la ghe nang de Tourane, et ont en commun la dérive placée à l'étrave, coulissante, particularité unique de ces coques tressées.

La ghe nang de Tourane

 Principe de construction

La partie immergée (œuvres vives) est réalisée en bambou et les œuvres mortes sont bordées en bois.

Coupe

L'ensemble se compose de deux carcasses superposées dont celle de dessous représente un panier étanche fait de longues tresses découpées dans le bambou et travaillées comme une vaste corbeille de vannier tandis que celle de dessus est une coque en bois, sans fond, s'adaptant sur le panier.
La coque immergée, par son prix de revient très faible, pouvait être remplacée régulièrement, alors que les œuvres mortes en bois, à l'abri permanent du contact de l'eau, pouvaient durer presque indéfiniment.

 

Caractéristiques

Ghe Nang

Une ghe nang d'un tonnage moyen de 10 tonneaux mesure 12 mètres de long pour 3,10 mètres de large.

Elle a une forte tonture, tandis que des pavois, à courbe légèrement concave, surélèvent les façons de l'avant. C'est de chaque côté de ces pavois que se trouve gravé l'œil de l'embarcation. Ces pavois déterminent aussi une sorte de petit tillac avant à 0,60 mètre au-dessus du plancher du pont.

Le maître-couple est nettement sur l'arrière du milieu.
Un roof très bas, de la forme des embarcations de rivière, logeait femmes et enfants.

Construction

La construction de la ghe nang débute par les œuvres mortes, avec la mise en place de l'étrave et de l'étambot.
Ils sont constitués par deux pièces de forte dimension, évidées sur une partie de leur longueur pour servir de logement, l'une à la dérive sur l'étrave, l'autre au gouvernail.

assemblage des bordés 

Les bordés sont placés sur can, par tenons et mortaises, et fixés sur ces deux pièces principales, ne laissant apparaître que la partie évidée.

A l'intérieur sont disposées deux rangées superposées de barrots. La rangée de barrots supérieure fait saillie extérieurement tandis que les barrots inférieurs traversent la virure basse par leurs tenons laissés tels quels.
De fausses varangues plates sont posées sur ces barrots afin de régler l'écartement des bordés.
Des allonges renforçant la liaison des bordés et des épontilles provisoires sont disposées entre les rangées inférieures et supérieures de barrots, en attendant d'être remplacées par les cloisons qui compartimenteront la coque.

Ghe Nang - Etrave

L'étrave se prolonge en pointe, bien au-dessous des bordés, pour venir s'appuyer sur la coque en bambou, afin de la protéger au cours des échouages sur le sable.

La construction des œuvres vives est un travail de vannerie.

Assemblage des deux parties.

Assemblage de la Ghe Nang

La partie en bois constituant les œuvres mortes est suspendue à bonne hauteur à l'aide de cordages et d'un échafaudage, afin que les œuvres vives en bambou tressé ne s'écrasent sous le poids de l'ensemble.

Les virures basses de la partie en bois pincent le panier au moyen de chevilles traversant celui-ci. Les bords (préalablement enduits de résine, chài) sont maintenus contre le bordé par une serre d'empatture intérieure, traversée également par des chevilles et ceinturant toute la coque.

Abattu en carène

Une fois la liaison réalisée, le bateau est abattu en carène pour faire reposer tout le poids sur les bordés.
Des couples d'une seule pièce, de faible échantillonnage, sont posés dans les fonds (à raison d'un couple par compartiment), saisis par des liens et s'appuient sur la serre reliant les deux parties de la coque.
Des vaigres sont encastrées longitudinalement sur ces couples, suffisamment rapprochés pour constituer un caillebotis protégeant la coque.

 

Pont

Le pont, mobile, est constitué d'un assemblage de planches ajustées les unes aux autres, et repose sur des hiloires et sur la rangée supérieure des barrots.

Voilure

Ghe Nang

La ghe nang a trois mâts gréés de voiles trapézoïdales (voilure aurique) dont le point de drisse est frappé au tiers avant de la vergue.
La mâture est courte par rapport à la surface de la voilure :
- Grand-mât : 7m50
- Misaine : 5m
- Tape-cul : 3m80

Voile

Les voiles sont en tresses de latanier, couturées sur leur quatre faces par un filin en coco, leurs laizes sont transfilées dans le sens de la longueur tandis que des coutures renforcent, par le travers, la solidité des voiles.
Une têtière en brins de bambou très fins borde l'envergure.

 Tape-cul

La voile du tape-cul, placé en dehors du couronnement, sur une emplanture composée de deux barrots faisant saillie de chaque bord, est toujours hissée sur bâbord, afin de laisser la libre manœuvre du chalut travaillant à tribord.

La mâture peut s'incliner en avant ou en arrière afin de modifier le plan de voilure et rendre à volonté la bateau mou ou ardent.

Gouvernail et dérive

Le gouvernail est à forte quête et à surface uniforme de safran. Il coulisse dans son étambot et est maintenu à la jaumière par la forme légèrement tronconique de la glissière.
Au mouillage et pendant les opérations de chalutage, il est relevé et immobilisé au moyen d'un coin enfoncé entre la mèche et le trou de jaumière.

Dérive

La dérive en forme de sabre, placée à l'étrave, est un long et étroit safran monté sur une mêche incurvée pour épouser la courbure de l'étrave.
Elle coulisse sur l'étrave de la même façon que le gouvernail, à cette différence qu'elle est immobile dans le plan longitudinal et ne peut tourner sur son axe, la mèche étant guidée par deux rainures latérales.
Un cabillot ayant la forme d'une barre franche sert à la soulever.

Balancier

Pour remonter au vent et contrôler la gîte, on met en place un tangon-balancier sur lequel s'accroupissent les membres de l'équipage.
Il se compose d'une planche relativement légère, longue de 6 mètres, sur 0,30 mètre de large, glissant entre deux étriers placés sur l'avant du grand-mât. Une bastaque permet de supporter deux à trois membres de l'équipage faisant contre-poids au vent. 

La ghe giã (ou thuyen giã) du Bin-Dinh

Ghe Gia

Cette embarcation de pêche aux calmars, pouvant atteindre 10 tonneaux, était construite soit en bois, soit avec une coque mixte, bois et panier de bambou.

 

Construction

Si le principe de construction des œuvres vives est identique à la gue nang, avec un panier de bambou calfaté de résine (chài) et recouvert d'un liant de bouse de buffle pour l'imperméabilité et le poli, la forme de ce panier est notablement différente.
L'avant est pincé pour faire saillie tandis que l'arrière est de forme fuyante. La pince est encore accentuée par un brion de bois rapporté, ligaturé au panier et à la carlingue par des lianes dont les ouvertures sont rendues étanches par un mélange de chài.

Le rôle de ce brion est important puisqu'il a pour effet de transformer l'étrave en dérive fixe.

Voilure

Ghe Gia

La voilure de la ghe giã est de forme à houari allant en décroissant, de l'arrière à l'avant. Une petite trinquette triangulaire est emplantée sur l'étrave.
Le grand mât est incliné sur l'arrière d'environ 10° alors que les mâtereaux de la misaine et de la trinquette sont emplantés droits.

Au fur à mesure que l'on arise la grand-voile, l'antenne est amenée. Son pied est saisi par un amarrage au bas du mât et le point de drisse est ajusté par le racage. La misaine et la trinquette ne sont jamais amenées mais simplement serrées et lacées sur leur mâtereau, mobile dans une emplanture d'un banc ou d'un barrot.

Quand la brise fraîchit, l'antenne est délacée à la partie inférieure de la grand-voile, on prend quelques tours de gui à rouleau et on amarre, à l'aide d'une drosse, le pied de l'antenne bien en avant du mât. On supprime la misaine et l'on gouverne sous la trinquette et la grand-voile, en faisant alors usage d'un lest mobile employé comme balancier.

Lest mobile

Le lest mobile est une originalité propre à la ghe giã et ne se rencontre nulle part ailleurs.

Il se compose d'une série de gros galets pesant quelquefois plus de 50 kg pièce, élingués avec un amarrage en fil de coco et placés en tout ou en partie, le long de la coque, sur le bord au vent.
Pour éviter que les élingues ne soient coupées, la lisse sur l'arrière est coiffée d'un bambou sur lequel le filin peut raguer sans danger.

Ce lest permet de déjauger l'avant du bateau pour pouvoir facilement dériver, le gouvernail relevé, avec le filet dit hrói giã qui est un petit chalut.
 

La Ghe Xuong de Qui-Nhon et de Nha-Trang

Petite embarcation de 3 à 6 mètres de long pour 0,60 à 1 mètre de large, gréée de deux voiles.
Sorte de youyou ou de canoë, il avait d'exceptionnelles qualités nautiques, car on le rencontrait parfois très loin en mer.

Ghe Xuong

Construit sur le même principe que la ghe nang ou la ghe giã, les bordé de bois de 30 cm étaient parfois liés sur le panier latéralement et non pincés.
Un bambou, formant bauquière, les raccorde à l'étrave et à l'étambot.

L'appareil à gouverner est monté sur pentures et la surface du safran est très large pour former aussi plan de dérive.

Des pièces de bois de renfort, posées extérieurement à même la coque et raccordées au bordé en bois, permettaient à la ghe xuong de tosser sans danger sur les rochers où se pêchaient les bénitiers et les oursins.

 

La Song Vành de Qui-Nho'n

Song Vành

Embarcation très ardente, aux formes trapues, qui était destinée à la pêche aux requins.
Construite en lamelles de bambou tressées, sans bordé de bois, elle ne dépassait pas 8 mètres de long, 1,30 mètre de large et 5 tonneaux.

La carène a des fonds aplatis, avec une section avant de forme bulbée, et l'étrave, qui n'est qu'un pincement du panier, est toujours déjaugée jusqu'au dessous du brion.
Une lisse en tige de bambou ceinture la coque, raccordée aus deux extrémités.
Des claies de bambou constituent le pontage.

Elle est gréée d'une voile à houari et d'une misaine au tiers. Le mât principal est incliné de 35° sur l'arrière, non haubané, emplanté sur une semelle et une varangue, au tiers de la longueur.

Song Vanh - Safran

Le plan de dérive est représenté par un gouvernail à surface de safran importante.
La song vành déjaugeant beaucoup de l'avant, il fallait s'aider d'un aviron de queue pour les virements de bord.

Pour pêcher les requins, on utilisait des lignes de fond équipées de crocs acérés, immergées avec des flotteurs en travers des passes aux courants violents. Les requins s'y ferraient au passage.

 La Ghe Bâu du Quãng-Ngãi

Ghe Bau

Grosse barque aux flancs arrondis destinée au cabotage et au transport de marchandises.
Elle se caractérise par l'emplacement du maître-bau situé exactement au milieu du bateau et des flancs rétrécis dans les hauts.

La ghe bâu porte, comme la plupart des voiliers vietnamiens, trois mâts dont un tape-cul. Ils sont gréés de voiles au tiers, à très longue vergue et à faible chute avant, s'amurant au pied du mât, avec son point de drisse sensiblement au milieu de la vergue.
Deux cargues, dites étrangloirs, étouffent le dévers des hauts.

Ghe Bau

Etant donné la légèreté relative de la coque en bambou, son déplacement lège est très faible et pour compenser la forte gîte par brise fraîche, on installait au vent, comme sur la ghe nang de Tourane, un tangon-balancier supportant trois ou quatre hommes de l'équipage.

Dans la pratique, la ghe bâu du Quãng-Ngãi courait, en général, grand largue, le rythme saisonnier de la mousson réglant ses navigations. 

Bateau-panier

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 Mandragore II

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