Présence et perception de l'image dans les provinces du delta du Mékong

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Présence et perception de l'image dans les provinces du delta du Mékong

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IntroductionDans la langue vietnamienneParcours iconographique du deltaLes incidences d’une géographie et d’une vision localeConclusionBibliographie

 "Lorsque l’on vous dit : delta du Mékong, quelle est votre première image ?"

"- C’est la civilisation fluviale"           Sơn Nam, 10 déc. 2004, Tp. HCM.

Introduction

Le delta du Mékong n’a jamais été un centre artistique tout comme l’a été la cité de Huế ou bien Hà Nội. Cela pourrait alors être une gageure de parler de l’image dans ce monde fluvial où la majorité des habitants vivent et se nourrissent du travail de la terre et de l’eau. Cependant, il est intéressant de constater une présence de l’image. Cette information passe essentiellement par l’image télévisuelle dans le cadre familial, par l’affiche de propagande et publicitaire dans la rue, et par la documentation pédagogique dans le cadre scolaire et universitaire.  

Depuis la période du Đổi Mới et de l’ouverture du Việt Nam aux sociétés marchandes, de nouvelles typologies d’images fleurissent dans les magazines ou les journaux vietnamiens. Depuis peu, de grandes affiches sérigraphiées se placardent le long des façades des maisons, recouvrant ainsi le salpêtre des murs. Ces images nouvelles contrastent avec l’imagerie vietnamienne classique. Si l’on se penche sur l’image native vietnamienne, nous observons des codes simples : une tendance à la frontalité et à l’occultation des perspectives, aplats de couleurs, forme simple cernée d’un trait noir, palette colorée réduite etc. L’image native de tradition populaire est faite pour être lisible et comprise par tous (étant donné le fort taux de population rurale dans le delta du Mékong ou issu de la ruralité et implanté depuis une génération seulement dans les villes telles que Cần Thơ par exemple).  

Dans les images marchandes, de nouveaux codes de représentation sont utilisés, de nouvelles gammes colorées aussi. Des profondeurs de champ jusqu’alors très peu usitées dans le système de représentation spatiale vietnamien dénotent d’une complexité souvent peu comprise. Les référents employés heurtent les référents classiques vietnamiens utilisés jusqu’alors et enracinés parmi la population du delta. Il arrive parfois, ultime confrontation culturelle, que ces images (vietnamiennes et étrangères) se contredisent même dans leurs messages. Cette coexistence d’images aux référents multiples au sein de l’espace social vietnamien, aux connotations non perçues ou mal comprises et d’imageries locales enracinées dans la culture deltaïque, peut à la fois nous amener à comprendre la difficulté de dissociation, de discernement, de distinction et donc de repérage de ces typologies. Cependant, il y a aussi une volonté pragmatique d’intégrer ces images multiples au sein d’une culture.  

Cette étude est tout d’abord partie d’un constat : certains apprenants vietnamiens me confiaient qu’ils regardaient beaucoup d’images sans en comprendre souvent le sens. Ainsi, une série d’enquêtes m’ont mené dans divers établissements scolaires des différentes provinces du delta. C’est ce parcours que nous proposons ici de mettre en valeur. Il nous permettra de nous confronter avec le regard des Vietnamiens du delta du Mékong. Il convient pour cela de réaliser tout d’abord un survol dans l’histoire de l’imagerie vietnamienne du sud.

 

Dans la langue vietnamienne

Dans la tradition chinoise, l’image, tel que le portrait dessiné ou la photographie, était proscrite du culte. L’idéogramme faisait office d’image cultuelle. En effet, une photographie ou un dessin d’un ancêtre empêchait le mort de quitter la maison pour rejoindre le cycle de la réincarnation. Le mort était ainsi attaché à sa représentation. C’est sans doute vers la fin du 19ème siècle, avec la colonisation française, qu’est apparut la photographie dans les lieux de culte du delta. Alors, il s’est opéré la mutation suivante que l’on retrouve encore aujourd’hui : la présence des idéogrammes et de l’image (dessinée ou photographique) sur le culte des ancêtres. Ce mixage culturel est d’autant plus intéressant que l’image apparue alors que la population vietnamienne perdait la connaissance des idéogrammes. Ainsi, cette redondance et ce contre sens culturel, permet à une population vietnamienne pragmatique d’inscrire la présence de l’image et des idéogrammes chinois comme un témoignage historique. 

De ce fait, il faut remonter dans la tradition sino-vietnamienne pour comprendre que le terme image puise ses sources dans le lexique Hàn-việt. On constate alors que le terme ảnh signifie « image » ou « ombre ». L’image se confond avec l’ombre et sous-entend l’action d’une lumière sur un objet pour signifier sa présence. Associé au terme hưởng, ảnh hưởng signifie « influence » ou « répercussion » suivant le contexte dans lequel est employé le terme. De manière plus précise, le terme hình signifie « image », « forme » ou « apparence ». Ce terme s’associe au terme ảnh  pour « portrait » (hình ảnh), à sắc pour « image » (hình sắc), à tương pour « image » ( hình tương), à thức pour ce qui concerne la forme extérieure (hình thức) et à trang pour l’apparence extérieure (hình trang). Ainsi, la langue sino-vietnamienne comporte déjà une multitude de termes pour nommer l’image et la différencier suivant le contexte. La langue vietnamienne actuelle s’est enrichie de termes nouveaux afin de définir un environnement en pleine mutation, notamment au contact des sociétés occidentales, avec leurs apports techniques relatifs aux outils de représentation.

Dans la langue vietnamienne actuelle, le terme hình est utilisé par les gens du sud pour désigner « photographie » alors que les gens du nord utilisent le terme ảnh. La spécificité de la langue vietnamienne a consisté à assembler ces deux termes pour nommer une notion plus générale, plus abstraite que les éléments constituants (comme le cas de đất nước [sol +eau] pour désigner le pays). Ainsi, hình ảnh pourrait être considéré comme l’équivalent du terme « image » en général. Associé à thức, il désigne la forme (hình thức) ; à thể, il désigne la figure (hình thể) ; à dung, il désigne la silhouette (hình dung) ; à hái, il désigne le corps (hình hái) ; à bóng qui veut dire « ombre », il désigne l’image qu’on se représente mentalement (d’une personne absente par exemple). Chụp qui signifie « attraper », « saisir » ou « photographier » s’associe à hình pour désigner la photographie (chụp hình) ; placé après le mot ảo, il désigne le mirage (ảo hình), avant, il désigne l’image virtuelle (hình ảo).  

Donc, le terme hình ảnh en vietnamien est utilisé pour désigner les images, englobant toute représentation visuelle, réelle et palpable, visible mais virtuelle ou purement mentale. Il rejoint de près les significations du terme « image » que l’on retrouve dans le Hàn Việt. Mais l’enrichissement lexical de la langue vietnamienne concernant le terme image peut déjà nous interpeller sur cette volonté de vouloir nommer précisément tout en observant des distinctions propres entre une image perçue et une image représentée.  

 

Parcours iconographique du delta

En parcourant les provinces du delta du Mékong, on s’aperçoit que l’étendard des signes iconographiques flotte sur chaque îlot du delta. Ces signes apparaissent sous une multitude de formes et sont autant de référents symboliques, historiques, culturels, politiques ou religieux différents. Ces images se côtoient parfois au sein d’un même espace, sans logique apparente, ou bien se retranchent par catégories.  

Selon les provinces, les affiches de propagande, tranh cổ động, émaillent la plupart des routes reliant les villages et s’implantent dans le tissu urbain des grands centres du delta. De ce fait, l’image de propagande a permis (et permet encore) d’occuper un espace, un terrain, un territoire. Cette appropriation de l’espace par l’image, s’est, dans le même temps, accompagnée d’un message pédagogique et identitaire. Elle enseigne sur des conduites ou des comportements sociaux à tenir. Il est encore plus surprenant de constater que, parmi celles-ci, différents styles, différentes représentations existent malgré les a priori de ceux qui ont la faiblesse de penser à une production uniforme et modélisée. La figure humaine représentée aux accents d’une figure stakhanoviste et robotisée ne fait pas toujours partie des modèles employés. Ils existent certes, mais pas de manière si évidente.  

En effet, contrairement aux grands centres urbanisés du Việt Nam, le delta produit ses images avec peu de moyen. Cette production locale est le plus souvent grossière et relève d’un art populaire propre. La lourdeur des traits et la naïveté des représentations n’est d’ailleurs que le résultat d’un manque de technique et aussi d’une volonté de faire mieux . Les affiches sont considérées comme des objets sans valeurs par la population vietnamienne du delta. Elles sont éphémères et le support est souvent réutilisé plusieurs fois. De plus, les affiches sont généralement au service des politiques (nationales ou locales).

 La télévision, truyền hình, quant à elle, est présente dans chaque foyer et dans chaque café. Souvent allumée en permanence, elle n’est pas seulement un relais d’une information en continu et d’une cohésion sociale mais elle permet aussi de chasser les fantômes et de rompre l’ennui. La télévision, de par son pouvoir ostensible (l’image et le son), révèle ainsi la présence d’une activité humaine au sein d’un village ou le long d’une route. Elle joue le rôle d’avertisseur en quelque sorte. L’objet est ainsi détourné de sa fonction première. Mais, pour beaucoup, la télévision est aussi la demonstration par l’image de la présence d’un Occident lointain (séries françaises, italiennes ou américaines) et d’un Orient proche (séries chinoises, coréennes ou japonaises). Dans les villages du delta, cette ‘lucarne iconique’ a été le signe de l’ouverture d’un horizon et la rencontre avec un ailleurs. 

Outre ces images, l’image présente dans beaucoup de foyers vietnamiens est l’image religieuse. Un espace privilégié lui est toujours consacré dans la pièce principale (celle qui s’offre aux yeux du visiteur ou aux regards du passant dans la rue). L’image est alors un icone que l’on célèbre quotidiennement. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir plusieurs icones dans chaque pièce de la maison, les chambres à coucher ou le bureau. Dans les lieux de cultes, il est intéressant de remarquer que l’image se révèle au terme d’un déplacement ou d’une position du corps. L’image se spatialise en quelque sorte par le fait de sa relation avec le pratiquant du culte mais aussi par le fait que celle-ci s’accompagne d’offrandes. Des fruits, de la boisson, des cigarettes et des papiers votifs d’or et d’argent ornent le pourtour de l’image. Cette rencontre entre une figure représentée et des offrandes fraîches et réelles établit un lien entre la symbolique de l’image (représentation d’un proche disparu, entité religieuse) et le monde des vivants. Le monde de la représentation, immortel, rencontre la terre des hommes, éphémère. 

Par ailleurs, il est intéressant de mettre en parallèle l’apparition de l’appareil photographique par les Français à Saì Gòn avec la véritable implantation de l’écriture romanisée, le Quốc Ngữ, à partir du XXe siècle au Sud, des années vingt à Hà Nội et des années cinquante dans les campagnes. L’apprentissage obligatoire du Quốc Ngữ ne commença, quant à lui, qu’en 1945. La perte du signe chinois et de sa compréhension acheva sans doute ainsi une ère ; une route s’ouvrit alors pour une implantation sans restriction des images des sociétés marchandes dans toutes les structures de la société vietnamienne.

 

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Les incidences d’une géographie et d’une vision locale

Dans une seconde phase de notre recherche, nous nous sommes attardés sur les problèmes de lecture de carte. Si certains des apprenants avaient des problèmes pour se situer dans un espace de représentation, il n’était pas surprenant de le constater aussi lors des lectures de cartes. Mais il s’est avéré que le problème majeur était au-delà des lacunes citées ci-dessus. L’apprenant du delta a des difficultés pour se situer hors d’un contexte local, en considérant le local au niveau de son habitation ou de son village.  

Pour celui qui a parcouru le delta, il est toujours difficile de se repérer dans un espace géographiquement plat en sachant que cet espace est animé par un enchevêtrement de canaux sans véritables points de repères visuels. Ces réseaux alimentent le delta à l’image d’un gigantesque poumon peuplé de plus de 20 millions d’habitants. Beaucoup nous ont cité les montagnes de An Giang : Núi Sam, Núi Sập, Núi Đá. Cette zone, où naît la chaîne des Cardamones et qui sert aussi de repère frontalier avec le Cambodge, est, pour l’apprenant, un marqueur visuel. Mais le plus souvent ces marqueurs sont des repères mentaux puisque très peu d’entre eux ont réellement vu ces montagnes. Seul élément naturel vertical situé à l’extrême ouest du delta, la montagne s’oppose à l’étendue horizontale du monde deltaïque. Des vietnamiens de Hà Nội m’ont précisé que cette horizontalité était synonyme de repos ou de sommeil alors que la verticalité (celle du nord bien évidemment) représentait l’ascension, l’ambition et l’activité. Au delà de cette anecdote, l’apprenant éprouve d’énormes difficultés de repérage spatial et temporel. Autre fait, la plupart citent la Chine comme élément premier lors des réalisations de cartes effectuées au cours de mes enquêtes au sein du milieu éducatif du delta. Ainsi nous aurions encore ce repère chinois, qui, bien qu’enraciné dans la culture vietnamienne, sert aussi de repère spatial pour nos apprenant du delta, à défaut d’autres repères visuels (mis à part les montagnes de la province de An Giang). 

D’autre part, il est vrai aussi que, dans les villages des sociétés traditionnelles, le paysan vietnamien ne se déplaçait guère. Sa vision de l’espace et du territoire se limitait à ses déplacements quotidiens allant de sa maison à sa rizière. Bien que les axes de communications se soient développés ainsi que la facilité (ou les besoins) des déplacements soient autres, les apprenants semblent conserver ce caractère d’une vision locale. La représentation de l’Occident est morcelée ou continue d’être l’image d’une nébuleuse lointaine. Et la représentation du delta l’est tout autant. Les positions des provinces, les distances sont approximatives. Etrangement, au regard des questionnaires, l’apprenant éprouve des difficultés pour placer les provinces du delta en fonction des quatre points cardinaux. Il semble aussi ne pas se souvenir de l’ensemble des provinces, composante essentielle dans le découpage du réseau administratif du delta. Cependant, l’apprenant devient généralement très prolixe lorsqu’il s’agit de nommer sa maison et les alentours. Cette perception de la proximité, il nous la fait découvrir par un inventaire détaillé des arbres et des fruits et des canaux situés à proximité du lieu d’habitation. Cette nature, exubérante et riche, est l’une des données essentielles dans le cadre de vie et devient un marqueur essentiel de leur appropriation de l’espace.

 

Conclusion

Le caractère séculaire indéniable de certaines formes persistantes de représentation dans le delta n’est pas sans influence sur la relation au monde mais aussi sur la vision des artefacts, introduits par les sociétés marchandes en particulier, au cœur des villages vietnamiens du delta. L’image constitue, avec le texte et l’acte verbal, le moyen de s’informer mais aussi de signifier le monde qui nous entoure.

Que reste t-il de la forêt magique de Cà Mau que décrivait Sơn Nam dans son roman ? Au-delà du regard que porte les apprenants sur l’image, quelle image mentale se font-ils du delta ? Cette cartographie mentale s’accorde t-elle avec un géographie précise ou une prise de vue par satellite ? A posteriori, non, bien sur.  

Bien souvent, les traditions séculaires et les cosmogonies du monde rural se heurtent aux sirènes d’une modernité galopante. Alors, la lenteur rencontre la vitesse, le culte des ancêtres rencontre celui de la télévision, la mesure individuelle rencontre le mètre étalon, le regard magique et symbolique rencontre une vision économique. Ce tissu d’images dont est enveloppé le delta peut néanmoins servir de liant entre les villages qui s’égrènent sur cette étendue horizontale.  

Il est évident alors, que, peu habitués aux images étrangères et connotées, la majorité des apprenants du delta est pauvre en assimilation artistique en général et en compréhension iconique en particulier et la portée des images ne sera vraiment effective qu’à partir du moment où ces images pourront être réfléchies. 

 Christophe Challange. Université de Cân Tho. Viêt Nam.

 

Bibliographie

Yves Laubie, réflexion sur l’imagerie populaire au Tonkin, Bulletin des Amis du Vieux Hue, Mars 1937, XXIVe année, Hanoi-Haiphong, 92 p.

Pierre Huard et Maurice Durand, Connaissance du Viet Nam, E.F.E.O., Paris, 1954 , 356 p.

Nghien Cuu My Thuat, So 2, O6/2003, Hanoi, Vietnam, 100 p.

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Pham Viet Thuc-Nguyen Khac Can, Vietnam trong qua khu 700 hinh anh, Nha Xuat Ban Lao Dong, Hanoi, 1997, 700 p.

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Tran Ngoc Them, Recherche sur l’identité de la culture vietnamienne, Ed The Gioi, Hanoi, 2000, 844 p.

Buu Can, Lexique des expressions sino-vietnamiennes usuelles, Phu Quoc-Vu Khanh Dac-Trach Van Hoa, Vietnam, ré-édition de 1971, 625 p.

Nguyen Thi Uyen, Polysémie des images dans l’enseignement de la langue et de la culture française, rapport-projet en vue de l’obtention du D.E.A., Université de Rouen, U.F.R. des lettres et sciences humaines, Rouen, 1999, 88 p.

Philippe Papin, Vietnam, parcours d’une nation, la documentation française, Paris, 2003, 207 p.

Les cahiers de la coopération française au Vietnam, Formation et enseignement supérieurs au Vietnam, cahier n°2, Ambassade de France, Hanoi, 2002, 148 p.

Les cahiers de la coopération française au Vietnam, La France et la langue française au Vietnam, cahier n°3, Ambassade de France, Hanoi, 2003, 74 p.

Notes:

Le brouillage de la perception s’opère à partir du moment où, le regardeur, par exemple, ne peut lire le message connoté. Selon Barthes, pour une lecture satisfaisante, une photographie propose deux messages : un message linguistique qui contient un message dénoté et un message connoté (Roland Barthes, Rhétorique de l’image, dans Communication n°4, Paris, 1964, p.3). ) « On appelle sens connoté(s) ou signifié(s) de connotation les significations secondes évoqués qui sont assez nombreuses et subjectives. Elles correspondent plutôt à des aspects affectifs du signifié. » ( Cocula B., Peyroutet C., sémantique de l’image, pour une approche méthodique des messages visuels, Librairie Delagrave, Paris, 1986, p.37)

  L’écrivain Sơn Nam nous précisait la chose suivante : importée par la France, c’est vers 1880 que la photographie fait pour la première fois son apparition à Saì Gòn puis ensuite, très vite, dans le delta du Mékong. Les vietnamiens avaient tout d’abord très peur de la photographie qui était alors perçue comme une invention du diable. Il était alors très difficile de poser pour un vietnamien lors des longues séances de prise de vue. Pourquoi ? Parce que la position du corps face à l’image qui allait être révélée était d’une importance capitale. Notamment la position des mains et des doigts qui devaient être écartés et visibles ; la rumeur précisait que si par malheur on cachait l’un de ses membres suite à une prise photographique, alors on devenait infirme. (Cf. L’interview mené par Pascal Bourdeaux et moi-même, le 10 décembre à Ho Chi Minh ville.)

Le sino-vietnamien constitue aujourd’hui 70% du lexique (source : Philippe Papin, Vietnam, parcours d’une nation, La documentation française, Paris, 2003. p. 71)

Lors de mon interview avec M. Trân Thanh Aí, chercheur en linguistique au département de français de l’université de Cần Thơ, le 5 novembre 2004.

 Différentes localités vont être particulièrement actives pour la création d’image : la province de Bến Tre ainsi que la route de An Bình – Mỹ Khánh dans la province de Cần Thơ. Il n’est donc pas surprenant de retrouver actuellement dans ces mêmes provinces une grande quantité d’affiches. Et plus particulièrement le long de la route de Cần Thơ / An Bình / Mỹ Khánh et de celle de Phú Phụng / Vĩnh Bình / Chợ Lách. Il faut noter que l’abondance d’images peut être aussi due à l’activisme du chargé des affaires d’informations culturelles de la province mais aussi au budget attribué à chaque localité.

 Un icone se refère ici aux images de type sacré puis interprétés comme l’expression d’une philosophie et d’une conception du monde (selon Martinet J., Clefs pour la sémiologie, Seghers, France, 1973, p.60). Alors qu’une icône, qui est la forme occidentalisée du russe ikona et du grec eikona, désigne les images sacrées de la religion chrétienne et, plus particulièrement du christiannisme oriental.

 Actuellement certaines de ces montagnes sont en passe de disparaître définitivement par la présence proche des grandes cimenteries, qui rabotent, jour après jour, les dernières formes naturelles verticales du delta. Notons cependant que le site de Núi Sam reste préservé en tant que lieu de culte vénéré par l’ensemble de la communauté bouddhiste du sud du Vietnam.

 Tran Ngoc Them, Recherche sur l’identité de la culture vietnamienne, Ed. The Gioi. Hanoi, 2000, p. 530

 A savoir que l’on utilisait avant souvent les mensurations de l’homme pour effectuer des mesures naturelles. L’avantage est que l’on pouvait mesurer n’importe où et n’importe quand mais que cette mesure était toujours approximative. Elle dépendait en effet des mensurations du corps du métreur.

 Les 12 provinces du delta du Mékong sont actuellement : Long An, Tiền Giang, Đồng Tháp, Trà Vinh, Bến Tre, Vĩnh Long, An Giang, Hậu Giang, Sóc Trắng, Kiên Giang, Bạc Liêu et Cà Mau.

Selon l’écrivain, la forêt magique fonctionne dans l’imaginaire des Vietnamiens du delta comme un lieu idéal ; lieu dans lequel on peut vivre aisément des produits de la nature tout en étant pauvre matériellement. Un lieu idyllique, un ‘état de nature’ dont le but est la quiétude mais aussi un ‘reposoir’ comme le disait si bien Baudelaire.

 

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