Haiphong, manger du Buffle et du Croco

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Haiphong, manger du Buffle et du Croco

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Le Roi des crocodilesCombats de buffles à Do SonUn peu d'histoire1885, La Ciotat, paquebot Haiphong

Fondé en 1888, la ville de Haiphong s’ouvre sur la Mer d’Orient, à 102km de la capitale de Hanoi. Située dans une zone climatique tropicale, soumise à la mousson, la ville connaît des températures moyenn es de 23-24ºC.

Hải Phòng (orthographe francisée : Haïphong) est une des trois villes du Việt Nam de plus d'un million d'habitants et l'un des trois grands ports du pays. On appelait ses habitants les Haiphonnais à l'époque de la colonisation française

Elle a un grand port ouvert sur les voies maritimes internationales et fréquenté depuis des centaines d’années par les bateaux marchands chinois, japonais, français, espagnols, portugais...

Aujourd’hui, Haiphong est à la fois un centre commercial, une ville industrielle et un carrefour de communication important. Sur le plan touristique, la ville possède d’intéressants monuments historiques, des temples et des pagodes.

Des activités culturelles originales sont également organisées dans de nombreuses localités de la province, dont les célèbres combats de buffles de Do Son, à l’automne. Après un court trajet en ferry, on peut également visiter l’île et le parc national de Cat Ba, la baie Bai Tu Long et la ville ainsi que la fameuse Baie de d’Halong ( voir notre "Insolite" sur la Baie, Cat Ba et Tu Long ). Haiphong est par ailleurs une étape gastronomique idéale pour déguster des spécialités de la mer.

 
Les fameuses briquettes de charbon fabriquées sur place et qui alimentent tous les foyers des villes du Vietnam. Les mines de charbon (autour de Hongay) ne sont pas très loin de Haiphong. Le secret de la fabrication enfin dévoilé !


La gare de Haiphong (vietnamien: Ga Hải Phòng) est une gare ferroviaire vietnamienne située à Haiphong. Elle est à un kilomètre du centre ville. La gare de Haiphong est notamment l'une des tête de ligne du Chemin de fer Hanoi-Haiphong, qui traverse le pays jusqu'à la gare de Hanoï. Cette gare a été construite par les colonisateurs français au début du XXe siècle, à l'époque de l´Indochine française


Jean Bouchaud (1891 - 1977), Port de Hai Phong (Tonkin) 1924
 

Le Roi des crocodiles

Après 10 années de création de son domaine, Cao Van Tuyen est devenu un milliardaire de la ville portuaire de Hai Phong, grâce à une dizaine de milliards de dongs de revenus annuels provenant de sa ferme d'élevage de crocodiles, située au bord du fleuve Dê. On le surnomme "Roi des crocodiles" du Nord.

Sa passion sur l'élevage des crocodiles lui est venue lorsqu'il a vu de près des crocodiles et goûté à des plats à base de ce reptile dans la province de Long An (Delta du Mékong). Il a commencé à réaliser son rêve par l'achat dans la province de Ca Mau (à l'extrême Sud du pays), de 50 premiers jeunes crocrodiles, mais malheureusement cette première tentative a échoué. Cela l'a conduit à faire des recherches sur cette espèce, allant même en Thaïlande pour se renseigner sur l'élevage du crocodile.
Cao Van Tuyen a acheté 6.000 m2 de terrain au bord du fleuve Dê, dans l'arrondissement de Hong Bang (Hai Phong) et y a construit un système de fermes fermées répondant aux conditions de vie des crocodiles. Grâce à un élevage scientifique, ses crocodiles se sont multipliés. Il en possède maintenant quelque milliers, qui cependant ne suffisent pas encore à fournir le marché du Nord.
Son souhait est de faire de Hai Phong un pôle d'élevage des crocodiles en Asie du Sud-Est car, selon lui, cette ville portuaire et certaines provinces littorales possèdent des conditions idéales.
Tuyen a investi en outre des dizaines de milliards de dongs dans sa ferme et dans la construction d'un restaurant portant le nom "Nam Phuong Queen" situé juste devant sa ferme, où l'on sert des plats à base de crocodiles, une viande nourrissante, mais encore étrange pour nombre de consommateurs.

Address: National Highway 5, KM6, Hung Vuong street, Hong Bang District, Hai Phong, Vietnam Telephone:  0313.798204 Fax: 84-313.798490 Email:  casauvietnam@gmail.com Website:  http://namphuongqueen.com

Selon ses prévisions, dans 4 ans, sa ferme abritera 10.000 crocodiles et pourra en exporter.
Le "Roi des crocodiles", âgé de 45 ans, se prépare actuellement à mettre en chantier un établissement de traitement de la peau de crocodile pour des produits de luxe comme chaussures, ceintures, portefeuilles, sacs, répondant aux besoins du marché du Nord.

Combats de buffles à Do Son

Cette fête traditionnelle de Dô Son a lieu chaque année le 9e jour du 8e mois du calendrier lunaire, et vise à rendre hommage au génie des Eaux Diêm Tuoc, qui aurait sauvé, selon une légende, la population locale d’une calamité naturelle. Au fil du temps, le combat de buffles est devenu une particularité culturelle de la ville portuaire de Hai Phong.

D'après les experts, les buffles combattants, puissants et dotés de grandes cornes, sont souvent choisis dans plusieurs régions du pays, et même du pays voisin Myanmar.
Entre le 21 Septembre et le 22 Septembre
Les combats de buffles constituent une activité typique et célèbre. L'ouverture des combats commence par une danse aux drapeaux. Après la présentation, les buffies se livrent combat deux par deux, cornes contre cornes. Le premier qui s'enfuit est déclaré vaincu. Le grand vainqueur est porté en triomphe jusqu'à la maison communale. Vainqueurs et vaincus seront sacrifts aux genies et la viande sera distribuée aux spectateurs; en signe de "partage du bonheur":Consommer de la viande d'un buffle ayant combattu porte chance.

 

Un peu d'histoire

23 novembre 1946: Bombardement de Haïphong : 6000 morts (Vietnam)

Le 9 mars 1945, les Japonais prennent tous les pouvoirs en Indochine, alors qu'avant, ils laissaient le gouvernement de Vichy maintenir l'ordre. Bao Daï, empereur d'Annam, proclame le protectorat français aboli. Le Vietminh, mouvement nationaliste d'inspiration communiste, déclenche l'insurrection en août 45. En juillet, il est convenu aux accords de Postdam que les Chinois désarmeront les Japonais au nord du 16ème parallèle, les Anglais au sud. Le 15 août, de Gaulle nomme l'amiral Thierry d'Argenlieu, haut commissaire de France en Indochine et Leclerc général commandant supérieur des troupes. Le dirigeant du Vietminh, Ho Chi Minh, proclame l'indépendance du Vietnam le 2 septembre 1945, en présence du général Leclerc, chargé par de Gaulle de réoccuper l'Indochine. Le Laos et le Cambodge font de même, Bao Daï abdique. Le 23 septembre, le colonel Cédille obtint du général anglais Gracey le réarmement des ex-prisonniers français et reprend les bâtiments publics de Saïgon aux représentants du gouvernement vietnamien. En octobre, les troupes du général Leclerc débarquent et réoccupent le Sud Annam, le Laos, le Cambodge. Le 6 janvier 1946, le Viet Minh remporte largement les élections dans le territoire contrôlé par le gouvernement vietnamien. De Gaulle quitte le pouvoir à Paris le 21 janvier. Le 6 mars 1946 à Hanoï, où se trouvent toujours des troupes chinoises, Sainteny signe au nom de la France avec Ho Chi Minh, qui contrairement à d'autres nationalistes reste ouvert au dialogue, un accord où celle-ci « reconnaît la République du Vietnam comme un État libre ayant son gouvernement, son parlement, son armée et ses finances faisant partie de la Fédération Indochinoise et de l'Union française » et s'engage dans un accord annexe, à retirer ses troupes dans 5 ans. L'organisation d'un referendum est prévue au Sud. Les troupes françaises débarquent à Haïphong le 8, où Leclerc rencontre Giap. Il est le 15 à Hanoï. L'accord est très critiqué en France. D'Argenlieu conteste les dispositions militaires de l'accord annexe. Ho Chi Minh est invité à venir discuter en France. Alors que Ho Chi Minh est en route pour Paris, d'Argenlieu en accord avec Moutet fait proclamer le 1er juin, la République autonome de Cochinchine, en violation des accords du 6 mars. La conférence de Fontainebleau s'ouvre le 22 juin, entre Ho Chi Minh et le gouvernement provisoire présidé par Georges Bidault. Le 14 septembre, Ho Chi Minh signe un accord de "modus vivendi" avant de rentrer.

Le 10 septembre, les Français reprennent le service des douanes alors que cela devait être négocié. Les vietnamiens protestent. Leclerc est reparti, d'Argenlieu est à Paris.

A Haïphong, les Vietnamiens s'opposent à un contrôle douanier, le 20 novembre. Ho Chi Minh propose de réunir immédiatement la commission mixte des douanes. Mais le général Valluy, remplaçant d'Argenlieu, après avoir câblé au colonel Dèbes le 22 : « Suite événement du 20, estime indispensable profiter incident pour améliorer notre position Haïphong » lui donne l'ordre suivant : « Le moment est venu de donner une dure leçon à ceux qui nous ont traîtreusement attaqués. Par tous les moyens à votre disposition vous devez vous rendre maître complètement d'Haïphong et amener le Gouvernement et l'armée vietnamienne à résipiscence. »

Dèbes attaque le 23 novembre et fait bombarder Haïphong par trois navires de guerre. D'après Paul Mus (conseiller politique de Leclerc) qui cite une enquête de l'amiral Battet, il y aura 6000 morts, essentiellement des civils. C'est le début de la guerre d'Indochine qui, pour ce qui est de la France, durera 7 ans et demi.

Implication de la France :

Il ne fait maintenant pas de doute, que ce bombardement fait partie des provocations françaises pour mettre un terme à l'indépendance que le Vietnam était en train d'acquérir. C'est le général Valluy qui, sans doute en accord avec d'Argenlieu, a mis le gouvernement français devant le fait accompli. Sa directive du 10 avril : « transformer le scénario, qui est celui d'une simple opération militaire, en un scénario de coup d'État » (Devillers p.179) montre que la préméditation était du côté français et non de celui de Ho Chi Minh. La France crut, avec le parti colonial des administrateurs et de leurs amis, qu'il serait possible, comme en 1885, de réinstaller, à la tête du Vietnam reconquis, des fantoches.

Ho Chi Minh et le Général Giap

Alfred Grosser remarque: « L'occultation de ce que fut la guerre d'Indochine se retrouve dans le choix de la date officielle du déclenchement de la guerre, que l'on retrouve dans tous les manuels; le 19 décembre, offensive des troupes viêtminh sur Hanoï, au lieu du 28 novembre, bombardement du port de Haïphong par la marine française. »

Imagine-t-on le nombre de vies sauvées si la France avait respecté l'accord du 6 mars 1946?

Sources :

Yves Benot, Massacres coloniaux, La Découverte, 1994, pages 97-108; Philippe Devillers, Paris, Saïgon, Hanoï, Archives, Gallimard; Alfred Grosser et Al., La morale de l'histoire, Autrement, Oublier nos crimes, n, avril 1994, page 221; Paul Mus, Témoignage Chrétien, 10 février 1950.

Jacques Morel 2003-05-03

 

1885, La Ciotat, paquebot Haiphong

Caractéristiques:

    paquebot-mixte stationnaire
    longueur: 88,72 m
    largeur: 10,1 m
    jauge brute: 1548 tx
    port en lourd: 1900 tonnes
    déplacement: 2360 tonnes
    passagers: 20 en premières, 32 en secondes et 1200 en entrepont
    propulsion: 1 alternative compound à 4 chaudières au charbon
    puissance: 1900 CV
    vitesse: 14,9 noeuds
    1 hélice
    1 cheminée 

Messageries Maritimes: Lancé le  3 mai 1885 à La Ciotat. Reste toute sa carrière sur les lignes annexes d'Indochine. Revendu en 1923 pour la démolition à la compagnie indochnoise Gnobay, il est pourtant remis en service et rebaptisé KUM-WAH. Il se perd dans un cyclone entre le 3 et 5 décembre 1924 entre Quinhon et Tourane. Il y a 140 disparus, dont 12 français. Parmi eux, 6 frères des écoles chrétiennes.

 

 

Un naufrage prévisible, le vapeur « Haiphong » en 1924

 

A Hué, toutes les semaines, j’enseigne le francais à proximité d’un petit cimétière appartenant aux Fréres des Ecoles Chrétiennes. Entre les tombes des professeurs qui se sont succédés au lycée Pellerin depuis 1904, se trouve un monument funéraire érigé à la mémoire de 6 fréres morts en 1924 dans le naufrage du « Haiphong » …

La littérature coloniale abonde de récits héroiques ou, au contraire,d’angoisses vécues pendant les traversées.. Les typhons et les tempétes le long des côtes d’Annam sont particulérement craint… Les naufrages sont fréquents mais, la plupart du temps, il n’y a pas de français à bord, et l’on en parle pas ou peu..

Mais revenons à notre vapeur « Haiphong » ! Il a été construit en 1885 à la Ciotat et mesure 89 métres de long avec une puissance de 15 nœuds par heure (environ 28 km heure). Il servira pendant 38 ans en Indochine pour le compte des Messageries Maritimes. Devenu vétuste, rayé des listes des assureurs, il est désarmé puis vendu pour être mis à la casse…La pénurie de bateaux à cette époque en Indochine va donner d’autres idées au chinois, un certain A Bay, qui le rachete ! Celui ci l’arma à nouveau, le fit réparer sommairement et lui donna un nouveau nom (« Saigon »). Il demanda ensuite une autorisation de navigation. Celle-ci lui est refusée formellement à 2 reprises par le bureau Véritas, représenté localement par M Karcher. L’armateur finit pourtant par obtenir une autorisation donnée par un autre service administratif…Avec un équipage essentiellement chinois, il quitte Saigon le 27 novembre et rallie péniblement Quinhon après 6 jours de navigation au lieu de 2 habituellement…L’état du bateau est déplorable : le gouvernail est faussé, une palette de l'hélice a été perdue (une seule hélice à bord), la cargaison arrimée à la chinoise, c'est-à-dire sans ordre, ballotte et les touques d'essence et de pétrole fuient, dégageant une odeur qui incommode les passagers ; car, pour comble d'imprudence, on a chargé sur ce mauvais rafiot dont les trous de la coque ont été bouchés avec du ciment, 170 tonnes d'essence et de pétrole !

La bateau Haiphong (source: http://www.messageries-maritimes.org)

Sans avoir réparé, le bateau repart le lendemain pour Tourane (actuelle Danang). On restera pour toujours sans nouvelles de sa part. Le bateau ne dispose pas de radio, et l’aviation de l’époque, pourtant équipée d’hydravions, repond ne pas être en mesure de faire des recherches en mer…
Est-ce la tempête qui sévissait sur les côtes d’Annam ? Est-ce les touques d’essence ? On ne connait pas l’origine exacte du sinistre.

Le bilan est terrible : 128 annamites et chinois, 12 francais dont les 6 fréres des Ecoles Chrétienne vont périr dans ce drame. Il n’y aura aucun survivant.

La presse de métropole ne sera prévenue que 2 mois après le sinistre, ce qui provoquera un tollé. Le Ministre des Colonies est interpellé par la Chambre des Députés..La Fédération des Capitaines au long cours réclama l’application dans les colonies des mêmes réglements qu’en métropole...


L'article du Figaro du 4 février 1925 comporte des erreurs

On réclama que des services compétents soient créés dans les colonies pour inspecter les bateaux… A court terme, après le refus d’embarquer de certains équipages, on rend obligatoire la radio pour les bateaux en contrat avec l’administration qui transportent des passagers ...

Sources principales : L'Eveil Economique, La Revue du Pacifique et le Figaro.

Belle Indochine

 

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