Sept motos anciennes chargées d’histoire

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Parmi la centaine de motos qui circulaient au Vietnam sous le règne du roi Bao Dai (1926-1945), sept sont toujours sur les routes. Elles sont intactes et accompagnées des papiers d’enregistrement portant le nom du premier propriétaire. Et aussi en excellent état de marche.


La collection de Duong Minh Chinh. Photo : CTV/CVN

Ces sept motos, considérées comme les plus anciennes du Vietnam, sont la propriété de Duong Minh Chinh, 45 ans, de la ville de Bac Ninh, province éponyme, à 30 km de Hanoi. Les véhicules datent du règne du roi Bao Dai (1926-1945). D’après des collectionneurs d’antiquités, les objets liés à cette époque féodale sont très précieux et souvent très bien cotés car ils se réfèrent à une période clé de l’histoire nationale. Le roi Bao Dai a été le dernier de la dynastie féodale des Nguyên (1802-1945), et même le dernier empereur vietnamien tout court. Ces véhicules, de marques Koehler Escoffier, Monet Goyon, JongLi, Monet Goyon Macon, sont appréciées pour leur ancienneté, leur design et leur excellent état de conservation. «Il y a quelques années, un propriétaire de ces motos, qui avait travaillé pour le roi Bao Dai, m’a informé que sous le règne de ce dernier, une centaine de motos roulaient au Vietnam, pour la plupart propriétés de gens proches de la cour royale, précise le collectionneur Duong Minh Chinh. C’est alors que j’ai décidé de faire des recherches».

Une valeur sûre et intemporelle

Certificat d’immatriculation délivré le 19 mars 1951 à Dà Lat. Photo : CTV/CVN

Chinh a confié l’entretien de ses motos à M. Huân, un ami, aussi excellent mécano. «Cette moto a la selle soudée directement au porte-bagages. Il reste une petite place pour le conducteur, recouverte d’une peau de bœuf», présente M. Huân en indiquant une des motos les plus anciennes. À côté trône un engin assez impressionnant de 200 cm3. Il s’agit d’une rareté, fabriquée à une époque où l’industrie de la moto n’était guère développée. La troisième moto, sans pare-chocs, est équipé d’un moteur à deux temps.

Un look rétro. Photo : CTV/CVN


Fait incroyable, les sept motos de Duong Minh Chinh ont leur papier d’immatriculation portant le nom de leur premier propriétaire. Délivrés entre le début et le milieu du XXe siècle par les autorités françaises, ils précisent les numéros de la carte d’identité, les nom et prénom du propriétaire, l’immatriculation, les numéros du moteur, du châssis, la cylindrée, la date, le lieu d’enregistrement, le cachet des autorités, etc. L’autre originalité de ces motos réside dans le design très classique du cadre, du moteur et surtout des klaxons. Ces derniers, souvent volumineux, sont installés sur le guidon, voire sur le moteur. Certains sont actionnés à la main - le fameux klaxon-poire – mais aussi parfois à la bouche.

Les klaxons, sur le guidon ou sur le moteur. Photo : CTV/CVN


Une passion de plus de 20 ans

Il a fallu trois ans au collectionneur Duong Minh Chinh pour rassembler ce trésor. Trois ans avec de nombreux vols en avion, et donc pas mal d’argent englouti. Chinh a confié que dès l’achat des deux premières motos, il avait déjà en tête l’idée d’acquérir les cinq autres. «C’était en 2009. M. Lân, président de l’Association des motos anciennes de Hô Chi Minh-Ville, m’a informé que ces deux motos étaient à vendre. Je n’ai pas hésité et j’ai pris un vol pour Dà Lat. Je n’avais pas assez d’argent à l’époque, et j’ai dû emprunter à un taux d’intérêt élevé pour les acheter, rappelle-t-il. Il m’a fallu trois ans pour rassembler ces sept motos. Les négociations ne sont jamais faciles car les propriétaires connaissent très bien leur origine, et donc leur valeur». La plupart des négociations ayant eu lieu dans le Sud et le Centre, donc, Chinh a dû prendre l’avion à de nombreurses reprises. Sans compter qu’après chaque affaire conclue, il a dû transporter les motos par train, soigneusement emballées.

L’une de ses grandes fiertés, c’est que ces motos sont encore en parfait état de marche. Parfois, Chinh et ses amis parcourent les rues de Bac Ninh aux guidons de leurs engins antédiluviens, devant les yeux médusés des passants. «Bien sûr, ce sont des trajets très courts car en cas de casse mécanique, il est extrêmement difficile de trouver des pièces de rechange», explique-t-il.

Bùi Phuong/CVN


 

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