Éric et Laureen Legras, et leur fille Candice, laissent les fleurs rue des Glaïeuls pour une maison d’hôtes au Vietnam.

Fini les serres, fini les marchés tous les matins pour vendre sa production de fleurs. Après 20 ans d’activité, l’horticulteur béthunois Éric Legras cesse son activité et part au Vietnam ouvrir des chambres d’hôte. Une reconversion nécessaire vu le contexte économique et un coup de cœur pour ce pays.

« La consommation de fleurs a baissé de plus de moitié et ça s’est accéléré depuis 4,5 ans, constate Éric Legras. À l’inverse, les charges et les matières premières ont augmenté. Je n’ai jamais compté mes heures mais j’ai fait le tour de tous les projets de diversification et mon activité n’est plus rentable. »

Il a arrêté les marchés fin novembre. C’était le seul horticulteur béthunois au marché du vendredi. « Je l’ai fait pour attirer une clientèle à la maison mais ça ne s’est pas passé comme ça. »

Du coup, cette cessation d’activité, au bout de 20 ans, n’est pas ressentie comme un crève-cœur. Presque un soulagement, au contraire. « Quand on fait le marché pendant cinq heures et qu’on vend seulement de quoi payer ses frais de route et de place, on se dit qu’on a bien raison de faire autre chose. »

Autre chose mais quoi ? Ouvrir des chambres d’hôte au Vietnam. « Ce pays, c’est une passion depuis une dizaine d’années. On l’a découvert grâce à la pratique des arts martiaux vietnamiens. On est devenus enseignants et on gérait les clubs de Béthune et Annezin. On est allés faire un stage au Vietnam en 2009 et ça a été une évidence. »

Depuis, Éric et Laureen y sont allés une à deux fois par an. Le couple a d’abord imaginé un projet d’import-export de produits alimentaires et de déco entre la France et le Vietnam. Mais très coûteux et des normes qui changent trop souvent.

Ils ont bifurqué vers des chambres d’hôte. « Il y a plein de guest houses mais ce sont des mini-hôtels, pas des chambres d’hôte avec le principe d’accueillir à la maison, d’offrir un petit-déjeuner fait maison, un accueil chaleureux… »

Massages, arts martiaux, location de vélos...

Ce qui les a convaincus de passer à l’acte ? Les préréservations de clients qui leur achetaient des fleurs. « C’est dingue. On n’aurait jamais cru. » Ils savent déjà où ils vont s’installer, à Nha-Trang, 300 km au nord d’Hô-Chi-Minh-Ville. « C’est là que l’école d’arts martiaux est installée. C’est une station balnéaire très réputée en Asie et on la connaît bien maintenant. »

Ils n’ont pas encore de maison mais ça ne les inquiète pas. « Louer une maison est beaucoup plus simple qu’en France. On trouvera facilement. » Idéalement avec quatre chambres d’hôte dans un quartier vietnamien, populaire et proche de la mer. « On espère lancer l’activité en avril, quand la saison touristique bat son plein. »

Les Legras proposeront diverses activités avec leurs amis vietnamiens : massages traditionnels, initiation aux arts martiaux, vélos électriques en location – « le plus commode pour se déplacer » –, randonnées…

D’ici là, ils vont être occupés par la paperasse et la création d’un site Internet, « French mandarine ». « On voulait que le fait qu’on est français ressorte, la France a une notoriété au Vietnam et mandarine parce que c’est un fruit très répandu toute l’année. On ne fuit pas la France. On a envie de découvrir autre chose. »

Un repreneur?

Grâce au bouche à oreille, Éric Legras a sans doute trouvé un repreneur pour ses 6 000 m², dont une bonne partie de serres, rue des Glaïeuls. « Il ne fera pas du tout la même chose. Lui, ce sera des plants de légumes bios pour les maraîchers. »

Ce Vermellois devrait louer les terres et acheter le matériel et les serres de l’horticulteur. C’est en cours. « Je suis content que mon matériel continue de fonctionner. » Un soulagement partagé évidemment par son épouse. « Ça simplifie vraiment les choses. » Leur maison aussi sera louée.

Éric Legras ne tire pas un trait sur les fleurs pour autant. « Au Vietnam, il y a bien plus de fleurs qu’ici. Les plantes d’intérieur, là-bas, vous les avez à l’extérieur ! »

Si les chrysanthèmes sont présents en nombre, ils n’ont pas du tout la même signification qu’en France. « Pour le Nouvel An, le Têt, qui aura lieu le 8 février en 2016, les rues sont couvertes de chrysanthèmes jaunes. C’est une plante de fête. » Le couple espère louer une maison avec jardin « mais ce n’est pas gagné. Sinon, un toit terrasse. Ce qui est sûr, c’est qu’on fera pousser des choses. »

(Source info: www.lavoixdunord.fr)