« La relation franco-vietnamienne s’est développée dans tous les secteurs », selon la Consule générale de France à Hô Chi Minh-Ville

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« La relation franco-vietnamienne s’est développée dans tous les secteurs », selon la Consule générale de France à Hô Chi Minh-Ville

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Emmanuelle Pavillon-Grosser est Consule générale de France à Hô Chi Minh-Ville depuis septembre 2021 - Photo nld.com.vn

Emmanuelle Pavillon-Grosser est Consule générale de France à Hô Chi Minh-Ville (Sud du Vietnam) depuis septembre 2021. Pour Français à l’étranger, elle dresse un portrait de la communauté française qui vit au Vietnam et évoque les nombreux secteurs à travers lesquels la France et le Vietnam ont noué des relations étroites au cours des dernières décennies.

Pourriez-vous dresser un panorama de la communauté française présente au Vietnam ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser: 7 236 Français sont enregistrés auprès de nos deux postes d’Hanoï et d’Hô Chi Minh-Ville. Les 2/3 d’entre eux vivent au Sud du pays, dans la circonscription d’Hô Chi Minh-Ville, qui s’étend jusqu’à Hué, dans le centre du Vietnam. La proportion de personnes âgées de plus de 60 ans est deux fois plus élevée au Sud qu’au Nord. La France étant l’un des premiers pays à avoir accompagné le Vietnam dans sa réforme d’ouverture (« Doi Moi ») au début des années 90, les expatriés français ont commencé à arriver dès cette époque. Il s’agissait alors surtout d’expatriés envoyés par leurs entreprises. Aujourd’hui, les profils sont plus divers : jeunes volontaires internationaux (VIE ou VIA) [1], Français venus créer leur entreprise, personnes arrivées en tant qu’actifs et qui viennent pour leur retraite, etc.

Quelle est la part de binationaux parmi eux ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser:  Il n’existe aucune obligation pour un binational de déclarer cette double nationalité, mais nos compatriotes qui le font représentent environ 11% des personnes enregistrées, une part en constante augmentation.

Des évolutions notables du nombre de Français résidant au Vietnam ont-elles été observées depuis la pandémie ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser: En quatre ans, 500 Français ont quitté le territoire, conséquence directe de la pandémie. Depuis, leur nombre augmente de nouveau, mais très légèrement. Car la politique en matière de visa de travail a été durcie, ce qui rend plus complexe l’installation au Vietnam. Aujourd’hui, les entreprises doivent prouver qu’elles n’ont pas trouvé de main d’œuvre adéquate sur le marché de l’emploi vietnamien avant d’embaucher un Français.

Le Vietnam et la France fêtent en cette année 2023, le 50e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays : pourquoi est-ce si symbolique ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser: Un demi-siècle est toujours symbolique ! Mais il est vrai qu’il l’est d’autant plus pour nous, au regard de l’histoire ancienne qui lie nos deux pays. Depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1973, la France a été l’un des premiers pays occidentaux à accompagner le Vietnam dans sa politique de réforme et a, depuis, multiplié les coopérations dans tous les domaines (économique, culturel, mais aussi dans les secteurs de la santé ou du droit). La France est désormais le 2ème investisseur de l’Union européenne au Vietnam, les entreprises françaises créées localement génèrent environ 50 000 emplois, plus de 3 000 médecins ont été formés en France, et 6 000 jeunes Vietnamiens continuent de venir étudier chez nous chaque année, sans compter les campus délocalisés qui commencent à se multiplier ici.

Quelles grandes écoles ou universités disposent aujourd’hui d’un campus délocalisé au Vietnam ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser: La plupart de ces campus délocalisés sont hébergés ici dans des universités vietnamiennes. C'est le cas du master 1 et 2 en droit des affaires franco-asiatiques de l’université Panthéon-Assas, dont la formation est dispensée à l’université de Hô Chi Minh-Ville. Dans le domaine hôtelier, l’école Vatel a créé une filiale ici et l’école Ferrandi souhaite venir s’implanter. D’autres établissements comme le centre franco-vietnamien de gestion (CFVG) ou l’université des sciences et technologies de Hanoï (USTH) ont été créés conjointement par les deux pays.

Comment ce 50e anniversaire est-il célébré à Ho Chi Minh Ville ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser:  Le 50ème anniversaire est célébré tout au long de l’année. Sur le plan symbolique, une cérémonie officielle organisée par le comité populaire d’Hô Chi Minh-Ville à l’Opéra de Saigon a eu lieu le 12 avril, date officielle de l’anniversaire, en présence des représentants de la communauté française (élus, associations, conseillers du commerce extérieur, écoles , etc). Mais tout au long de l’année, des conférences, tables-rondes, expositions et spectacles doivent permettre au plus grand nombre de célébrer et découvrir la richesse de nos relations. Je citerai notamment un concours que nous avons lancé pour célébrer l’amitié franco-vietnamienne par la photographie. Les 14 clichés retenus présentent les regards croisés de photographes vietnamiens et français, amateurs et professionnels, sur nos deux pays. Ils sont exposés sur le mur extérieur du Consulat. Et l’année se terminera en beauté avec un magnifique spectacle son et lumière sur la citadelle de Hué. Tous ces évènements sont annoncés sur notre page Facebook.

Comment qualifieriez-vous le lien qu’entretiennent aujourd’hui la France et le Vietnam ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser:  L’ancien président de la République, Jacques Chirac, disait en 2004 de la relation franco-vietnamienne que « au-delà des heures tragiques, les relations exceptionnelles nouées à travers le temps entre le Vietnam et la France n’ont rien perdu de leur force et de leur singularité », et je crois que les dernières années ne font que confirmer ce constat. La coopération repose aujourd’hui sur une relation politique de haut niveau, certes, mais aussi sur des partenariats de qualité entre nos collectivités territoriales, nos écoles et universités, nos médecins, nos entreprises et bien sûr entre les populations. Ce qui est remarquable, c’est que la relation franco-vietnamienne s’est développée dans tous les secteurs : économique, éducatif, culturel, scientifique ou juridique, mais aussi sur le thème de la protection de l’environnement et de la lutte contre le changement climatique ou dans les domaines de la sécurité et de la défense.

Le slogan choisi pour cet anniversaire s’intitule « cultures partagées » : par quels biais ce partage se traduit-il aujourd’hui ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser:  Ce partage est d’abord l’œuvre des hommes et des femmes qui font vivre ces relations au quotidien. En France, les résidents d’origine vietnamienne sont plus de 300.000. Et depuis le début des années 90, des milliers de Français ont fait le choix du Vietnam. En arrivant ici, ils découvrent certains emprunts, notamment gastronomiques, faits à la langue française. Du « bánh mì » au pâté, du caramel à l’auto, ces mots seront malheureusement souvent les seuls que nous Français, qui sommes peu connus pour nos aptitudes linguistiques, arriverons à prononcer correctement dans cette langue vietnamienne si exigeante ! Ils auront aussi la chance de retrouver tous ces chefs d’œuvre de l’art vietnamien, comme ces magnifiques objets en laque qu’ils auront auparavant découverts en France dans les meilleures boutiques d’art. Et quel meilleur endroit pour se perfectionner en Vovinam Viet Vo Dao, art martial qui s’est aussi développé en France ?

La France est particulièrement engagée auprès du Vietnam en matière de transition énergétique : pourquoi un tel engagement et quelle expertise apporte la France en la matière ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser:  Le Vietnam est l’un des cinq pays non insulaires les plus vulnérables au changement climatique et la France produit en effet des efforts financiers importants pour accompagner le pays dans sa transition énergétique. La direction générale du Trésor y a financé des projets – dont beaucoup ont une dimension environnementale – à hauteur de plus de 1,2 milliards d’euros (prêts du Trésor et du fonds d’études et d’aide au secteur privé). L’AFD, de son côté, qui opère avec un mandat 100% climat, a engagé, depuis son implantation au Vietnam, près de 2,4 milliards d’euros sur une centaine de projets, alors que Proparco, filiale de l’AFD pour le secteur privé, a octroyé 395 millions d’euros de prêts à cette date. Le groupe devrait engager 220 à 250 millions d’euros par an au cours des années à venir.

La France se réjouit de compter le Vietnam parmi les pays signataires du partenariat pour une Transition énergétique juste (JETP). Nous espérons que ce partenariat va permettre au Vietnam de devenir un modèle dans la région et confortera l’attractivité de ce pays vis-à-vis des investisseurs étrangers, qui sont de plus en plus attentifs aux aspects RSE [responsabilité sociétale des entreprises]. Nous espérons également que les réformes nécessaires au déploiement massif des énergies renouvelables sur le réseau vietnamien vont être mises en place dans les prochains mois afin de faire de ce JETP un succès.

Dans quelle mesure les entreprises françaises présentes sur le sol vietnamien sont-elles associées aux projets liés à la transition énergétique ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser: La transition énergétique, et électrique en particulier, fera appel de manière importante au secteur privé. C’est notamment le cas du développement de l’éolien en mer mais aussi des centrales GNL [gaz naturel liquéfié], et à horizon 2035, de la mise en œuvre de nouvelles technologies innovantes comme l’hydrogène. Les entreprises françaises participent activement à la transition énergétique du Vietnam en développant des projets d’énergie renouvelable avec le photovoltaïque (Greenyellow, EDF et TotalEnergies) et l’éolien (EDF et TotalEnergies), en prospectant et développant de nouveaux projets sur des technologies innovantes, notamment dans les secteurs hydraulique (Hyvity) et hydrogène (HDF) et en participant au financement de projets (BNP Paribas).

Comment le secteur de la construction -qui compte plusieurs entreprises françaises- appréhende cette transition ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser: L’agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie et le ministère vietnamien de la Construction ont initié une coopération sur le thème des bâtiments verts dès 2016. Financée à hauteur de 500 000 d’euros par la France, cette coopération consiste en la fourniture d’assistance technique à maîtrise d’ouvrage pour deux projets pilotes, dont notamment la rénovation d’un collège. Le comité « construction » de la Chambre de commerce et d’industrie française au Vietnam (CCIFV) organise aussi régulièrement le séminaire « Build To Last » dédié aux bâtiments verts, et dont la dernière édition a eu lieu le 15 mars 2023. Que ce soit pour les matériaux de construction (Saint Gobain), les équipements électriques et leur gestion (Schneider Electric, Legrand) ou le cycle du projet (Vinci, Bouygues), entre autres, de nombreuses entreprises françaises participent quotidiennement au verdissement du bâti vietnamien en apportant des solutions innovantes répondant aux meilleurs standards internationaux.

Plusieurs événements en lien avec le monde scientifique sont également prévus : dans quelle mesure la France et le Vietnam coopèrent-ils en matière de recherche scientifique et médicale ?

Emmanuelle Pavillon-Grosser: L’Institut de recherche pour le développement (IRD) et le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) sont très impliqués, depuis des décennies, dans différents programmes universitaires de recherche, du Nord au Sud du pays. L’université scientifique et technique de Hanoï (USTH) accueille par ailleurs plusieurs laboratoires mixtes internationaux, tout comme l’université nationale du Vietnam à Hô Chi Minh-Ville. Aujourd’hui, les priorités de toutes ces actions sont surtout liées à l’impact du réchauffement climatique, la transition énergétique et à la santé globale comme définies dans les grands accords internationaux signés par la France et le Vietnam.

Dans le domaine de la santé en particulier, depuis 1993, date de la signature de l’accord intergouvernemental de coopération dans ce domaine, la France s’est très largement investie pour répondre aux besoins exprimés par les institutions vietnamiennes. L’IRD, le Cirad, le réseau international des instituts Pasteur, l’Agence nationale de recherche sur le Sida et les hépatites virales (ANRS|MIE) sont très impliqués au Vietnam dans la mise en place de projets nationaux et régionaux associant recherche et formation dans le secteur de la santé. Les problématiques majeures de santé publique y sont abordées, en particulier dans la surveillance, l’investigation et le contrôle des épidémies  en Asie du Sud-Est en général, et au Vietnam en particulier. Cette année marquera aussi le retour au Vietnam des « Journées Scientifiques du site de l’ANRS|MIE au Vietnam » qui auront lieu en novembre 2023. Depuis la création du site de l’ANRS au Vietnam, cette réunion permet de rassembler régulièrement les communautés scientifiques afin de partager les dernières avancées. La Professeure Françoise Barré-Sinoussi, Prix Nobel de médecine, et ancienne coordinatrice de l’ANRS au Vietnam, devrait exceptionnellement faire le déplacement.

(Source info: francaisaletranger.fr)

[1] (VIE: Volontariat International en Entreprise) - (VIA: Volontariat International en Administration)
 
 

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